Je faisais partie des artistes sélectionnés pour la trente-sizième édition du Art Expo New-York show. Après plusieurs heures de route et un petit détour dans le Bronx (là où on s'est perdu), nous étions enfin arrivés à destination. Nous devions ''déloader'' la voiture pour pouvoir procéder à l'accrochage. J'étais fébrile, le show commençait dans 2 jours. On sort les plans & les outils, on fait connaissance avec nos voisins artistes, on placote un peu de nos expériences respectives, et le cœur rempli d'espoir, on souhaite tous, cette fois, que le show nous apportera le succès escompté.
La
période d'accrochage est un événement en soi. Les gens arrivent
pressés et stressés. Il y a des boîtes partout, des électriciens
qui travaillent, des ouvriers qui peignent les kiosques, des artistes
qui courent comme des poules pas de tête. C'est un cirque quoi! Les
gens circulent et s'exclament haut et fort. L'ambiance est dynamique.
On travaille fort pour avoir le plus beau kiosque, pour avoir le
kiosque le plus invitant. Les exposants se promènent et fouinent
dans les allées. Et si on a assez d'énergie, on se promène et on
fouine dans les allées nous aussi! On sent l'énervement et
l'excitation ambiante, c'est palpable. Le grand jour arrive à grands
pas.
Notre
accrochage était presque terminé. J'étais satisfaite. Certains de
mes voisins avaient à peine commencé et d'autres n'étaient même
pas encore arrivés! Tout à coup, je surprends cet homme à regarder
minutieusement mon travail. Il est attentif. Je ne l'aborde pas tout
de suite. Je le laisse vivre ce moment et ça me fait chaud au cœur.
Après quelques minutes, il m'aborde et me demande qui est l'artiste.
Je lui dis que c'est moi et à ce moment, une avalanche de
compliments se déverse sur moi. ''It's amazing, your work is so
uniq, the conception, the colors, Wow, I've never seen something like
this before...'' . C'était un galeriste de Mississippi. Sur sa
carte d'affaire, celle qu'il m'a offerte, il prit soin d'indiquer le
# de son kiosque en insistant pour que je retourne le voir pour
discuter, dès l'ouverture du salon (dans 2 jours). Cette première carte m'était
précieuse. C'était un bon présage pour le show à venir. Bien que
totalement épuisée (par la route et l'accrochage), bienheureuse, je
souriais.
Les
portes du salon ouvrirent enfin. ''The show must go on!''. C'était
excitant tout ça! Après quelques heures, je me suis dit: ''il
faudrait bien que je retourne voir le galeriste de Mississippi''
et c'est ce que j'ai fait. Je suis allée le voir à son kiosque. Je
me suis poliment adressée à lui ''en english'' et devinez quoi,
Monsieur, en plus d'être bête et nonchalant, ne me reconnaissait
plus. Je me suis dit : ''il voit beaucoup de monde
et il n'est plus jeune-jeune alors je vais lui rafraîchir la
mémoire''. Je lui ai donc parlé de mes œuvres, de ma démarche,
de mon kiosque dans lequel il s'y est complètement évadé pour un
moment, il y avait de cela à peine 2 jours et puis, Nop! Aucune
étincelle dans ses yeux et manifestement, aucune envie de m'adresser
la parole.
Alors
moi, incrédule et désorientée, je suis retournée bêtement vers
mon kiosque un pied devant l'autre... Je pris un moment pour regarder
à nouveau sa carte et je me suis dis ''Coudonc, y dont ben des
''S'' pis des ''P'' dans MiSSiSSiPPi!''
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