17.8.14

Le galeriste de Mississippi




Je faisais partie des artistes sélectionnés pour la trente-sizième édition du Art Expo New-York show. Après plusieurs heures de route et un petit détour dans le Bronx (là où on s'est perdu), nous étions enfin arrivés à destination. Nous devions ''déloader'' la voiture pour pouvoir procéder à l'accrochage. J'étais fébrile, le show commençait dans 2 jours. On sort les plans & les outils, on fait connaissance avec nos voisins artistes, on placote un peu de nos expériences respectives, et le cœur rempli d'espoir, on souhaite tous, cette fois, que le show nous apportera le succès escompté.

La période d'accrochage est un événement en soi. Les gens arrivent pressés et stressés. Il y a des boîtes partout, des électriciens qui travaillent, des ouvriers qui peignent les kiosques, des artistes qui courent comme des poules pas de tête. C'est un cirque quoi! Les gens circulent et s'exclament haut et fort. L'ambiance est dynamique. On travaille fort pour avoir le plus beau kiosque, pour avoir le kiosque le plus invitant. Les exposants se promènent et fouinent dans les allées. Et si on a assez d'énergie, on se promène et on fouine dans les allées nous aussi! On sent l'énervement et l'excitation ambiante, c'est palpable. Le grand jour arrive à grands pas.

Notre accrochage était presque terminé. J'étais satisfaite. Certains de mes voisins avaient à peine commencé et d'autres n'étaient même pas encore arrivés! Tout à coup, je surprends cet homme à regarder minutieusement mon travail. Il est attentif. Je ne l'aborde pas tout de suite. Je le laisse vivre ce moment et ça me fait chaud au cœur. Après quelques minutes, il m'aborde et me demande qui est l'artiste. Je lui dis que c'est moi et à ce moment, une avalanche de compliments se déverse sur moi. ''It's amazing, your work is so uniq, the conception, the colors, Wow, I've never seen something like this before...'' . C'était un galeriste de Mississippi. Sur sa carte d'affaire, celle qu'il m'a offerte, il prit soin d'indiquer le # de son kiosque en insistant pour que je retourne le voir pour discuter, dès l'ouverture du salon (dans 2 jours). Cette première carte m'était précieuse. C'était un bon présage pour le show à venir. Bien que totalement épuisée (par la route et l'accrochage), bienheureuse, je souriais.

Les portes du salon ouvrirent enfin. ''The show must go on!''. C'était excitant tout ça! Après quelques heures, je me suis dit: ''il faudrait bien que je retourne voir le galeriste de Mississippi'' et c'est ce que j'ai fait. Je suis allée le voir à son kiosque. Je me suis poliment adressée à lui ''en english'' et devinez quoi, Monsieur, en plus d'être bête et nonchalant, ne me reconnaissait plus. Je me suis dit : ''il voit beaucoup de monde et il n'est plus jeune-jeune alors je vais lui rafraîchir la mémoire''. Je lui ai donc parlé de mes œuvres, de ma démarche, de mon kiosque dans lequel il s'y est complètement évadé pour un moment, il y avait de cela à peine 2 jours et puis, Nop! Aucune étincelle dans ses yeux et manifestement, aucune envie de m'adresser la parole.

Alors moi, incrédule et désorientée, je suis retournée bêtement vers mon kiosque un pied devant l'autre... Je pris un moment pour regarder à nouveau sa carte et je me suis dis ''Coudonc, y dont ben des ''S'' pis des ''P'' dans MiSSiSSiPPi!''

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