12.11.14

Tout ça pour ça... ! #4





* Il est préférable d'avoir lu avant le texte du mois d'août 2014 ''Les galeries''


Voici en étapes, une autre petite anecdote, tout à fait savoureuse, que j'ai eu le plaisir de vivre!
; )

1-2-3 GO! 

Envoie par courriel de mon dossier artistique dans une galerie dans le but d'obtenir un premier rendez-vous.

  • Pas de réponse

Me rendre à la galerie concernée pour me présenter en personne et leur présenter mon travail.

  • Accueil plus ou moins chaleureux

Un mois plus tard, obtention d'un téléphone de la galerie. Intérêt de leur part à venir voir mes œuvres chez moi.

  • Yéééé! / Joie / Surprise

Rendez-vous "booké" chez moi avec la Directrice artistique, le propriétaire et une autre galeriste.

  • Joie, joie, joie

Annulation du rendez-vous la veille.

  • Déception

Prise d'un deuxième rendez-vous.

  • Ouin, ouin... Ok

Annulation du deuxième rendez-vous (la veille toujours). Cependant, on m'informe qu'on me contactera d'ici une semaine.

  • Déception, déception, déception

Une semaine passe et pas de nouvelle.

  • Grrrrrrr...!

Plusieurs semaines passent et toujours pas de nouvelles donc, je me rends sur place.

  • Nervosité, mécontentement

Sur place, on m'informe que dans un mois on me recontactera sans faute, car pour l'instant, "y sont dans l'jus"!

  • Déception

Un mois passe, deux mois et toujours pas de nouvelles.

  • Déception, déception, déception

Finalement, je me rends encore sur place pour être fixée. À ce moment, on me suggère, afin d'accélérer le processus, que je vienne déposer mes œuvres à la galerie pour qu'ils puissent les regarder sur place. Ainsi, selon leurs dires, d'ici une semaine je serai avisée si ma candidature a été retenue ou non.

  • Rendue là, pourquoi pas! Let's go, on emballe tout et on rempli la voiture.

Dépôt de 6 grandes toiles à la galerie.

  • Impatiente de connaître leur verdict et leurs impressions.

Une semaine passe, deux semaines passent, 3 semaines passent et je suis toujours sans nouvelle.

  • Ostie, j'me fais niaiser moi-là / Insultée, feeling de perdre mon temps...

Et c'est un mois et demi plus tard (et 6 mois suivant la date où je me suis déplacée pour la première fois à la galerie) que je reçois un message sur ma boîte vocale. On m'informe alors que ça ne fonctionnera pas et que je dois passer à la galerie récupérer mes œuvres.

  •  Ha Oui? / Ha bon...!  
  • "J'ai ben hâte d'entendre leur feed-back"

11.11.14

Tout ça pour ça! #3




Plusieurs personnes prennent le temps de m'écrire pour avoir des détails concernant mon travail artistique. On me demande les prix, les dimensions, des informations sur ma démarches et sur mes techniques de création. On me demande aussi si je crée des œuvres sur mesure en tenant compte de leurs choix de couleurs, de leurs idées, etc. Ce type de courriels, j'en reçois assez souvent! Chaque fois, je prends la peine de répondre à toutes les questions en retournant un courriel détaillé. De plus, je joints toujours quelques photos à mon message ainsi que mes coordonnées en prenant bien soin de remercier chaque personne de s'intéresser à ce que je fais. Enfin, je termine chaque courriel en leur demandant comment ils ont entendu parlé de moi tout en leur souhaitant une excellente journée.

Et devinez quoi? Chaque fois, à quelques exceptions près, c'est la même chose!

J'attends la suite, un ti-message, un ti-merci, un ti-quek-chose, pis j'attends, pis j'attends.... pis non, RIEN pantoute!

99% des gens ne me retournent aucun message. Le pire dans tout ça c'est que, suite à la réception de ces courriels, je ne m'attends pas à faire des ventes. Toutefois, je m'attend quand même à un minimum de politesse, du moins, à un retour de courriel! ;-)

La conversation





Une fois de plus, je discutais d'art. La plupart du temps, les gens méconnaissent la réalité des artistes. La grande majorité du temps, les gens ne sont pas malicieux et ne veulent que bien faire. Or, bien faire, lorsqu'on ignore, peut être fait avec maladresse.

Il n'y a pas très longtemps, une personne m'a dit : « Wow, ça doit rouler tes affaires, c'est tellement beau ce que tu fais! ». 

J'ai donc répondu : « Merci, mais le milieu artistique est un milieu difficile et non, ça ne roule pas tant que ça, je suis loin de vivre de mon art''.


Alors la personne ajouta : « As-tu déjà pensé de vendre moins cher tes œuvres? Ainsi, tu en vendrais plus, tu te ferais connaître et par la suite, tu pourrais augmenter tes prix? ».


Et moi, le cœur un peu crispé de répondre: « Ben oui, j'ai pensé à ça!!! J'ai même diminué mes prix, j'ai aussi fait des formats de toutes les tailles, pour tous les budgets, j'ai fait des ventes d'atelier, des ventes de Noël, j'ai fait plein de tirages, j'ai offert des toiles à des organismes pour des levées de fonds, j'ai investi plusieurs centaines de dollars en promotion et marketing, j'ai ''upgradé'' mon site web, j'ai exposé dans des hôtels, des cafés, des bars, des salons, des symposiums, des galeries, des encans, des événements spéciaux et oui, tout ça pour me faire connaître! Et tout ça à mes frais, parce qu'en plus de payer mon matériel d'artiste, je dois payer pour l'organisation (parce que ça ne s'organise pas tout seul une exposition), je dois aussi payer pour mes kiosques (plusieurs milliers de dollars par kiosque), payer pour ma pub et que dire de mon temps! Ben oui, je travaille toujours bénévolement comme de bien nombreux artistes! Vous connaissez la croyance populaire : L'artiste s'amuse alors pourquoi le payer? Ha oui, je tenais aussi à vous dire que je travaille avec des matériaux de qualité supérieure donc généralement, à prix supérieurs. Lorsque je vais chercher mon bois à l'entrepôt, je prends bien le temps de sélectionner chaque planche de 4 pieds par 8 pieds que je vais faire couper chez mon ébéniste (à mes frais) selon mes choix de dimensions. Ensuite, je passe des heures à travailler dans mon atelier à créer mes œuvres selon des concepts pré-établis. Il m'arrive d'en scrapper quelques-unes au passage, de sacrer un bon coup et de continuer. Par la suite, une fois l'acrylique appliquée à mon goût, c'est le moment d'appliquer la résine. Hé oui, je travaille aussi avec de la résine d'époxy de première qualité qui ne jaunit pas au soleil. J'espère ben, le gallon coûte 400$! J'ai aussi eu à investir pour mon équipement d'atelier (dépoussiéreurs, éclairage, ventilateurs, masques, gants, chalumeau, outils variés, etc.). Hé oui, ça doit se payer tout ce beau matériel-là! Ceci dit, sachant que je fais tout ce que je peux pour me faire connaître et sachant qu'il y a une bonne quantité d'heures de travail et de fric pour chaque pièce que je confectionne avec soin, je ne peux certainement pas les donner ces œuvres-là et, je ne veux surtout pas les vendre trop cher non plus. Alors, après réflexions, j'ai décidé de faire un prix au pouce carré, comme ça c'est moins compliqué pour tout le monde! Il y en a donc pour tous les portes-feuilles. Pour l'instant, mes prix varient entre 200$ et 3000$ la pièce et je précise, une oeuvre à 3000$ sur bois habille le mur d'un ostie de grand salon! Enfin, considérant l'étendue de ma démarche artistique & de création, je trouve que mes prix sont honnêtes. Donc, avant d'émettre votre opinion à un artiste en lui disant: ''tu devrais baisser tes prix'', demandez-vous si vous avez pris le temps de bien connaître sa réalité avant.


- Au nom de tous les artistes - (car maintenant, je les comprends, mieux que jamais) !

Tout ça pour ça #2





J'avais manqué l'appel, mais la personne a eu la gentillesse de me laisser un message vocal. « Bonjour, je travaille en cinéma et je suis tombé sur votre site Internet. Je dois vous avouer que j'adore ce que vous faites, vos créations sont tout simplement magnifiques et j'aimerais vous proposer un partenariat. Voici mon numéro de téléphone si vous êtes intéressée.»

J'ai bien sûr rappelé la personne. Elle me proposait de lui prêter quelques toiles pour compléter le décor d'un film réalisé par un ''grand homme'' ayant gagné plusieurs prix à Cannes. Elle me proposait aussi un cachet en plus d'une apparition dans les génériques. « Wow, quelle belle proposition! » J'ai donc accepté avec joie! Nous avons discuté un bon moment et en terminant l'appel, elle me spécifia à nouveau qu'elle me contacterait assurément lundi prochain pour organiser le prêt ainsi que pour la signature de nos contrats respectifs. Le temps fila, un lundi, deux lundis, six lundis et puis...

Et puis... RIEN.

Je n'ai jamais eu de nouvelles et n'en aura pas non plus, car le tournage est, à ce jour, déjà terminé depuis belle lurette!


Tout ça pour ça #1





Je préparais un gros événement. Un accrochage de luxe d'une trentaine de toiles dans un grand hôtel réputé du centre-ville. La grosse affaire! Trois semaines précédant l'événement, le téléphone sonna et une dame (qui semblait ravie de me parler) me proposa de faire une entrevue avec moi dans le but de faire connaître mon travail et aussi pour promouvoir l'événement en question. « Hé ben! » Nous avons booké un rendez-vous pour l'entrevue. Cette dame devait donc se déplacer chez moi pour m'interviewer avec son assistant, la caméra, ses questions pis toutes les bébelles! De mon côté, je devais me préparer un peu c'est à dire, préparer l'espace, installer quelques toiles et me préparer mentalement pour parler de ma démarche artistique devant la caméra tout en ayant l'air cool et à l'aise. Tout un défi pour moi, mais pourquoi pas! Après tout, c'est elle qui m'a contacté et moi, je ne peux pas refuser une telle demande. « Oh non! Plusieurs personnes paieraient pour obtenir cette visibilité. »

Les jours ont passé et j'étais enfin prête: j'avais sélectionné les toiles que j'allais présenter à l'entrevue, le ménage était fait ''c'était propre propre'', j''avais préparé mon petit discours pour avoir l'air cool et relaxe, j'avais choisi mes vêtements, le rouge à lèvres assorti et je savais même comment j'allais placer mes cheveux! Hep! Le rendez-vous était prévu pour le lendemain. Cependant, vers 17h le téléphone sonna et c'était elle, la dame de l'entrevue qui m'annonçait que l'entrevue devait être reportée dans quelques jours. ''Ouin ben, fallait s'y en attendre!''. Au moment de l'annulation, je me souviens d'avoir roulé les yeux au ciel et puis d'avoir noté la nouvelle date d'entrevue prévue pour le mercredi suivant. C'était noté et puis...

Et puis, ... RIEN!

L'entrevue n'a jamais eu lieu et cette dame ne m'a jamais redonné de nouvelles.



20.8.14

Let us help you succeed!




Aujourd'hui, j'ai reçu un message courriel intitulé, ''Laissez-nous vous aider à accéder au succès''. Pouahhh, Pouahhh...! J'ai éclaté de rire, surtout lorsque j'ai remarqué l'expéditeur du message. Je vous explique l'histoire du début ainsi que la façon dont on me propose de parvenir au soit disant succès!

Tout a commencé, lors d'une exposition dans un salon. En tant qu'exposante, j'y présentais mes oeuvres. Jour 2 au matin, une dame un peu trop parfumée est venue me voir pour me recommander chaudement de participer à ce concours. Elle m'a précisé que c'était LE concours, ''The Contest'', auquel JE devais participer puisqu'elle faisait partie du jury et que tout ce que je fais est absolument ''Wonderful'' selon ses dires. Plus de 135 000$ en prix à gagner. C'est ce qui était écrit sur le ''ti-flyer'' qu'elle m'a gentiment offert. J'ai regardé le petit bout de papier, nous avons échangé quelques mots et la gentille dame au shiny smile est repartie vers son kiosque.

Le show terminé, on ramasse tout et puis on file. J'avais, comme d'habitude, accumulé une pile de ti-flyers attrayants. Du marketing à son meilleur!

Une fois revenue à la maison (en post exposition), je prends bien soin de faire le tri dans toute cette paperasse. Plusieurs de ces flyers prennent le chemin du recyclage assez vite! Quelques-uns attirent mon attention dont, celui provenant de la dame parfumée qui semblait véritablement emballée par mon travail. J'ai alors décidé de participer au concours qui consiste à remplir un formulaire d'application en ligne et à soumettre un maximum de 4 photos d'oeuvres récentes. J'avais remplis toutes les cases vierges, j'avais même composé un texte sur ma raison de participer à ce concours et j'étais rendue à l'étape des photos. J'ai donc sélectionné 4 clichés et j'étais prête pour l'envoi. Or, à cet instant, Surprise!!! On m'informe qu'il y a des frais associés à une telle participation. Par exemple, la soumission d'une photo = 35 $, de deux photos = 60$, de trois photos = 75$ et de quatre photos = 90$. ''Ha ben là... J'aurais aimé le savoir avant''. Après toute cette préparation de dossier, j'y vais pour la totale -Chinkaching, chikaching- on ose le fabuleux package deal de 90 piasses, on y va pour 4 photos!

Un mois plus tard, je reçois un message important intitulé ''Congradulations!''. J'ouvre le courriel en question et j'apprends que je fais désormais partie des 150 finalistes pour le concours (sur plus de 2000 participants, quand même!). Je suis heureuse, ''mais qu'est-ce que ça veut dire faire partie des finalistes?'' Eh ben les amis, ça veut dire que je dois envoyer une œuvre aux États unis dans la galerie en question, et ce, mesdames et messieurs, à mes frais (allez-retour)! Pas d'envoi Fedex, pas de prix! Je suis fourrée alors, j'assume la dépense!

Ha oui! J'ai oublié de vous dire: une grande cérémonie était prévue, un mois plus tard, pour les participants et bien sûr, pour les finalistes. Un grand événement! D'ailleurs, les participants devaient payer leur entrée à 50$, mais pas les finalistes, c'est gratis pour eux. J'espère bien, considérant que je dois me déplacer jusque là et que je dois m'organiser pour l'hébergement. À ce qu'il paraît, ces soirées attirent beaucoup de monde provenant du Canada et bien sûr, des États unis. Ces soirées sont convoitées: les tites bouchées, les bulles, les robes de soirées, les cheveux ben crêpés et bien sûr, les trophées. Vous voyez le genre? Tout le monde est ben beau, les gagnants et leurs prix respectifs sont annoncés au micro par la madame aux effluves musquées et les victorieux bien attriqués, se déplacent sur la scène afin de se procurer leur oscar. Certains osent le ti-speach, d'autres n'osent pas. Vous voyez, c'est de ce type de soirée dont il est question.

Quelques jours avant le Ceremony Award Show, on m'annonce que je ne suis pas que finaliste, mais également l'heureuse gagnante d'un prix. ''Hou hou... C'est excitant tout ça, j'ai gagné, j'ai gagné un prix''.  

J'ai bien failli me rendre au Ceremony Award Show avec 2 copines, mais le plan a tombé à l'eau. C'était ben correct, car à bien y penser, on avait 12 heures de route à faire pour se rendre là-bas. Une ride de 12 heures aller-retour, ça fait tu ben une journée de route au grand complet ça!!!

Je n'y suis donc pas allée, mais malgré mon absence, j'avais quand même hâte de connaître mon prix. J'étais énervée et impatiente de savoir. Le jour du grand dévoilement est enfin venu et, Tadadam, roulement de tambours....! J'ai gagné un contrat de 6 mois avec la galerie concernée! Un magnifique prix d'une valeur de 4000$. ''Wouhoou, à ce prix là, je serai fucking bien représentée par cette galerie. C'est super ça''! Et qu'est-ce que ça implique d'être fucking bien représentée par cette galerie aux USA? Ça veut dire que je leur envoie, encore à mes frais, quelques toiles via FEDEX et que je croise mes doigts pour qu'ils les vendent pour alors pouvoir recevoir la moitié du fric (car n'oubliez pas, les galeries prennent 50% des ventes). Alors, rendue là, hop hop hop, j'emballe quelques toiles avec du papier bulles pis des boîtes de cartons et puis Chikaching-chikaching chez Fedex! Hep, elles sont parties!

À ce jour, trois de mes toiles sont encore exposées dans cette galerie. Sont-elles accrochées sur les murs bien à la vue des visiteurs ou sont-elles plutôt rangées dans le backstore avec les milliers d'autres œuvres invisibles? Je ne le saurai jamais, car c'est pas moi qui va faire 24 heures de route pour aller vérifier!

Depuis que cette galerie me représente (quelques mois à peine), aucun acheteur potentiel ne s'est manifesté pour acheter une de mes œuvres. Toutefois, je reçois régulièrement des courriels de la part de la galerie. Mes ''représentants'' me proposent de m'inscrire à l'édition 2015 du concours (auquel j'ai participé en défrayant des frais de 90$) et me proposent également de me payer moi-même une publication dans leur magazine. ''Ouin, mais c'est pas leur job de me représenter?" Anyway, à leur avis, il s'agit d'un investissement indispensable. Au fait, savez-vous comment ça coûte une foutue publication dans leur magazine? ''Eh ben, pour une demie page, on parle de 800$ US plus taxes et pour 2 pages complètes, attachez votre ti-chapeau, le montant est de 2 690$ plus taxes, toujours en argent américain''. Plusieurs artistes font le grand saut et osent la publication! Après tout, toutes les raisons sont bonnes pour publier à NOS frais dans LEUR magazine: Les grands architectes et designer recevront le magazine, les hopitaux et les représentants des grands espaces publics aussi et en plus, devinez quoi? On peut même payer la somme totale en versements égaux, et ce, à notre manière (tant qu'on paie)! - Des paiements assortis, juste pour vous et votre porte-feuilles. C'est ti-pas cute ça! - Imaginez, 3 tout-petits paiements de 896.67$ pour votre publication. Voilà une merveilleuse façon de m'aider à accéder au succès, vous ne trouvez pas?

En fin de compte, au sujet du prix gagné, je me demande bien en quoi consiste sa valeur de 4000$ si je dois débourser pour l'inscription, pour le shipping, pour les publications... pour accéder au succès!

Ouin, ouin, ouin..., à quoi ça peut bien servir à part que de me donner une belle leçon de vie?

17.8.14

Le galeriste de Mississippi




Je faisais partie des artistes sélectionnés pour la trente-sizième édition du Art Expo New-York show. Après plusieurs heures de route et un petit détour dans le Bronx (là où on s'est perdu), nous étions enfin arrivés à destination. Nous devions ''déloader'' la voiture pour pouvoir procéder à l'accrochage. J'étais fébrile, le show commençait dans 2 jours. On sort les plans & les outils, on fait connaissance avec nos voisins artistes, on placote un peu de nos expériences respectives, et le cœur rempli d'espoir, on souhaite tous, cette fois, que le show nous apportera le succès escompté.

La période d'accrochage est un événement en soi. Les gens arrivent pressés et stressés. Il y a des boîtes partout, des électriciens qui travaillent, des ouvriers qui peignent les kiosques, des artistes qui courent comme des poules pas de tête. C'est un cirque quoi! Les gens circulent et s'exclament haut et fort. L'ambiance est dynamique. On travaille fort pour avoir le plus beau kiosque, pour avoir le kiosque le plus invitant. Les exposants se promènent et fouinent dans les allées. Et si on a assez d'énergie, on se promène et on fouine dans les allées nous aussi! On sent l'énervement et l'excitation ambiante, c'est palpable. Le grand jour arrive à grands pas.

Notre accrochage était presque terminé. J'étais satisfaite. Certains de mes voisins avaient à peine commencé et d'autres n'étaient même pas encore arrivés! Tout à coup, je surprends cet homme à regarder minutieusement mon travail. Il est attentif. Je ne l'aborde pas tout de suite. Je le laisse vivre ce moment et ça me fait chaud au cœur. Après quelques minutes, il m'aborde et me demande qui est l'artiste. Je lui dis que c'est moi et à ce moment, une avalanche de compliments se déverse sur moi. ''It's amazing, your work is so uniq, the conception, the colors, Wow, I've never seen something like this before...'' . C'était un galeriste de Mississippi. Sur sa carte d'affaire, celle qu'il m'a offerte, il prit soin d'indiquer le # de son kiosque en insistant pour que je retourne le voir pour discuter, dès l'ouverture du salon (dans 2 jours). Cette première carte m'était précieuse. C'était un bon présage pour le show à venir. Bien que totalement épuisée (par la route et l'accrochage), bienheureuse, je souriais.

Les portes du salon ouvrirent enfin. ''The show must go on!''. C'était excitant tout ça! Après quelques heures, je me suis dit: ''il faudrait bien que je retourne voir le galeriste de Mississippi'' et c'est ce que j'ai fait. Je suis allée le voir à son kiosque. Je me suis poliment adressée à lui ''en english'' et devinez quoi, Monsieur, en plus d'être bête et nonchalant, ne me reconnaissait plus. Je me suis dit : ''il voit beaucoup de monde et il n'est plus jeune-jeune alors je vais lui rafraîchir la mémoire''. Je lui ai donc parlé de mes œuvres, de ma démarche, de mon kiosque dans lequel il s'y est complètement évadé pour un moment, il y avait de cela à peine 2 jours et puis, Nop! Aucune étincelle dans ses yeux et manifestement, aucune envie de m'adresser la parole.

Alors moi, incrédule et désorientée, je suis retournée bêtement vers mon kiosque un pied devant l'autre... Je pris un moment pour regarder à nouveau sa carte et je me suis dis ''Coudonc, y dont ben des ''S'' pis des ''P'' dans MiSSiSSiPPi!''

15.8.14

Youppi! J'ai gagné une croisière!





'' Bonjour Chantal, un comité s'est penché sur votre travail artistique qui est d'ailleurs absolument sublime et, nous sommes heureux de vous inviter à exposer vos œuvres dans notre Salon réputé d'envergure internationale. Il s'agit ici d'une occasion unique pour vous de promouvoir votre travail, de vous assurer une visibilité et bien sûr de vous faire remarquer et bla bla bli et bla-bla-bla... Merci de considérer cette invitation. Voir les détails en fichiers joints '' -

Les premières fois, je veux dire, au début de ma carrière artistique, je me sentais privilégiée de recevoir de tels messages. ''Ils m'ont choisie, moi, pour exposer en Italie, le courriel m'est adressé personnellement! Ce courriel indique clairement que la sélection de leurs artistes est minutieuse et que ce n'est pas n'importe qui qui peut exposer en Italie, dans ce prestigieux Salon International qui attire, chaque année, des milliers de galeristes et collectionneurs d'art de tous les coins du monde.'' J'étais emballée et je m'empressais d'annoncer la nouvelle à mon copain. Je rêvais de succès, je rêvais de soleil et une petite partie de moi souhaitait même que mon art puisse me faire voyager. Bien sûr, je me disais qu'une telle aventure devait bien coûter des sous, au moins 2000$. J'ouvrais alors le fichier joint pour prendre connaissance des détails relatifs à une telle exposition et à ce moment, l'ambivalence en moi se manifesta. Oufff... ce sera peut-être un peu plus que 2000$ finalement. ''En sommes, si j'y vais, je débourse beaucoup d'argent et si je n'y vais pas, je perds ma chance d'être vue en Italie et je passerai peut-être à côté du succès convoité''. Hummm, hummm.... Considérant l'ampleur du projet, une partie de moi me disait bien que tout cela n'avait pas de sens et l'autre partie, un peu moins rationnelle, voyait ce périple comme étant une opportunité alléchante relevant d'une minitieuse sélection artistique effectuée par un attroupement de jury réputés internationalement.

Quel dilemme...

J'y ai réfléchi et avant de prendre ma décision, j'ai choisi d'abord d'aller exposer mes œuvres à New-York, en Amérique. Je suis donc allée à NYC dans un salon renommé exposer une trentaine de mes créations. Jai fait le parcours en voiture avec mon amoureux (la bagnole remplie d'oeuvres d'art, hé oui!). Toute la durée de l'exposition, nous avons, mon copain et moi, dormis à Brooklyn, dans un petit logis Air Bnb plutôt trash où les passant venaient fumer du crack dans le portique. La durée du salon était de 3 jours et nous avons passé ces 3 journées au kiosque à répondre aux gens, à sourire, à expliquer ma démarche artistique, et ce, dans le but d'être vue, de faire des contacts et de faire possiblement des ventes. En sommes, énormément d'organisation et de stress. Une expérience folle et énergivore qui m'a coûtée un grand total de 15 000$. Pensez-y, 15 000$, c'est beaucoup de fric ça! 15 000$ c'est 3 voyages de luxe en Asie ou un solide cash down sur une propriété! J'ai donc déboursé 15 000$ pour ce ''voyage professionnel'' et souvenez-vous que nous y sommes allés en voiture, que nous n'avons pas dormis à Manhattan dans un hôtel luxueux et en plus, je n'avais pas choisi le kiosque le plus coûteux alors, imaginez l'Italie!

J'ai donc choisi de ne pas aller en Italie. J'ai boudé l'invitation et, je ne regrettais pas ma décision. Par la suite, une autre invitation, provenant de Saint-Tropez, m'est parvenue. J'étais personnellement invitée à exposer dans une belle galerie sur le bord de la mer Méditerranéenne. Hummm... C'était tentant, encore une fois, mais non je n'irai pas! Et puis, une autre invitation, de Vancouver cette fois. Et une autre de Hong Kong et puis une de Miami et une autre de New-York, et une de Seattle et puis une provenant de Belgique et une des Philippines, etc. etc. Les invitations personnalisées avec mon nom dessus pis toute, pis toute me provenaient des quatre coins du globe. Considérant le fait que de participer à une de ces expositions coûte en moyenne entre 8 000$ et 20 000$ simplement pour le kiosque, et ce montant n'inclut pas les frais connexes (je parle ici de billets d'avion, des frais de douanes, du shipping des œuvres, de l'hébergement, de la nourriture, du matériel promotionnel, de l'électricité + de l'éclairage + du wi-fi au kiosque qui ne sont généralement pas offerts, des assurances qui sont nécessaires pour pouvoir exposer....) Je trouvais donc, les invitations un peu moins alléchantes qu'avant. Disons, que je me sentais un peu moins extraordinaire! Je me demandais même si, en étudiant mon site web, les jury de ces salons (ou plutôt les promoteurs), avaient cru s'imaginer des nageoires à même ma photo de profil ou pire encore, des yeux globuleux et un bec en trou d'cul d'poule! Un gros poisson quoi! J'étais perplexe... Non sans blague, savez-vous qu'on peut débourser, pour une telle exposition outre-mer, un minimum de 25 000$ par personne? Par conséquent, avoir répondu favorablement à ces charmantes invitations, je serais, et de plusieurs milliers de dollars, dans le rouge en ce moment!

C'est un peu comme la première fois où on vous annonce que vous avez gagné une croisière. Le feeling est le fun au début; on ferme doucement les yeux et on imagine le soleil, le sable chaud, les poissons multicolores... N'est-ce pas? Et maintenant, dites-moi comment vous vous sentez lorsqu'on vous annonce que vous avez, pour la soixante-douzième fois, gagner cette croisière?

14.8.14

Les galeries

Au début, je ne savais rien du monde de l'art, je n'y connaissais rien. Je suis devenue une artiste, comme ça, simplement en suivant mon instinct. Il y a quelques années, je peignais par terre dans mon p'tit loft de l'ouest de l'île. Une idée m'est venue et à ce moment, j'ai réservé une galerie... enfin, je dirais plutôt, un lieu d'exposition moyennant une somme importante. Exposer mes œuvres pour la première fois valait le coût. Je me disais ''ce sera un moment mémorable, le début d'un nouveau chapitre''. Je trouvais l'idée folle, mais, moi, j'aime les idées folles. À cette époque, je ne connaissais pas le monde des galeries d'art. J’entendais certaines personnes dire que les galeristes étaient des gens gourmands voire ''crosseurs'' en se prenant une quote minimale de 50%. À ce moment, novice et naïve comme j'étais, je n'avais encore pas d'opinion là-dessus.

Le temps passa et mes expositions solos se sont multipliées. Je passais énormément de temps à travailler dans mon atelier à la réalisation de nouvelles œuvres à exposer. Je passais énormément de temps à organiser mes vernissages (le vin, les bouchées, la musique, l'ambiance). Je passais énormément de temps sur mon laptop à peaufiner mon site web, ma page facebook, ma démarche artistique, mes documents de promotions, mes cartons d'invitation, mes cartes d'affaires, mes ti-cartons avec mes prix dessus, mes books, mes calendriers, mes ti-chevalets, name it! Je passais énormément de temps à rechercher des endroits pour exposer, à participer à des appels d'offre, à des concours, à sélectionner ce qui est bon pour un artiste versus ce qui n'est pas bon. Etc. Avec le temps et les expériences, mon opinion quant aux galeries d'art s'est un peu clarifiée.

Je comprenais un peu mieux leur rémunération de 50% qui est, à mon avis, un pourcentage honnête et raisonnable, compte tenu du travail qu'ils font. Il faut se le dire, un artiste ne peut pas passer sa vie à porter tous les chapeaux (créateurs, promoteur, vendeur, comptable...) il se doit de déléguer avant de s'essouffler. Les galeristes, en plus d'offrir de la crédibilité au travail de l'artiste qui émerge, sont aussi là pour accomplir une grande partie du travail de promotion et de vente. À mon avis, les galeristes qui font bien leur travail méritent leur 50%! Je voulais donc, dès lors, être représentée par une galerie. Hé, Hé, Hé, Wo, Wo Wo-là.... Ce n'est pas si simple que ça d'être représenté par une galerie. Les galeries sont sur-sollicitées et rares sont les artistes qui arrivent à se dénicher une petite place dans ces lieux fortement prisés.

Entrer en galerie est une étape importante dans la carrière d'un artiste. C'est donc vraiment stressant de s'y rendre pour rencontrer la personne concernée dans le but de tenter de ''booker'' un rendez-vous et de lui présenter son travail. J'ai donc pris mon temps avant de franchir cette étape! J'ai continué à travailler fort, j'ai développé certaines techniques artistiques, j'ai vu une évolution dans mon travail. J'ai vu grand et j'ai conçu une collection sur bois originale et avant-gardiste. Cette collection, je suis même allée la présenter à New-york. Les critiques de NYC ayant été fabuleuses, à mon retour, je me suis dis : ''Ok là, je suis prête pour aller courtiser une galerie''. J'ai pris un temps fou pour sélectionner la galerie en question, car on ne choisi pas notre première galerie comme on choisi sa saveur de crème glacée à la crèmerie du coin! On ne s'y rend pas non plus les mains vides vêtu de bermudas et d'un T-shirt défraîchit! Non non non! Il faut qu'il y ait un sens à cette démarche. Il faut, en plus d'attirer l'attention du galeriste, avoir du talent, du charisme, de l'audace, etc. Il faut aussi tomber sur une bonne journée (pas de décès, pas de tickets, pas de spm...), il faut aussi que notre art puisse se marier aux œuvres exposées des autres artistes, etc.

Après quelques visites en galerie, mon choix était fait! J'avais choisi l'heureuse-élue! Un après-midi de juillet, je me suis rendue à la galerie minutieusement sélectionnée. Je respirais vite et j'avais les mains tremblotantes. Une fois arrivée sur le seuil de la porte, j'ai pris une profonde respiration et je suis entrée. Je me suis présentée à la dame qui se trouvait à la réception et après un court discours nerveux et maladroit, je lui ai proposé de regarder mes books pour qu'elle puisse avoir une meilleure idée de mon travail. Elle m'a regardé en me disant qu'elle était très occupée (dans une galerie vide) et qu'elle manquait de temps. En somme, ce n'était VRAIMENT pas le bon moment. Elle me proposa de lui laisser mes books et de repasser les récupérer dans un mois, et ce, en précisant qu'un comité de sélection allait se réunir prochainement pour faire le choix de nouveaux artistes. Je lui ai donc laissé mes books et c'est sans lui serrer la main (trop nerveuse) que j'ai quitté les lieux. Je n'étais pas si fière de ma performance toutefois, je refusais de m'en vouloir. C'était, après tout, ma seule et première expérience dans ce genre!

Les semaines ont passé et, moi, je me préparais tranquillement à récupérer mes livres à la galerie anticipant un refus. Tout à coup, le téléphone sonna. ''Bonjour madame, je vous téléphone de la galerie et nous serions intéressés à venir voir votre travail, le propriétaire de la galerie ainsi qu'une directrice artistique et moi-même, est-ce que nous pourrions vous rencontrer disons, jeudi prochain?''. Et moi, folle comme un balais je réponds : ''sans problème, je vous attendrai jeudi matin prochain'' en lui laissant mon adresse. J'étais tellement heureuse de ce rendez-vous, j'avais si hâte. Je pourrais comparer cela à la joie qu'éprouve un enfant lorsqu'on lui annonce que les billets pour Walt Disney sont finalement achetés! La veille du rendez-vous, la dame de la galerie me téléphona pour m'annoncer qu'il y a un empêchement et que le rendez-vous du lendemain sera annulé, mais remis à la semaine suivante, même heure. Déception. Toutefois, des empêchements, ça arrive et on n'y peut rien alors je tiens bon, la vie est belle!

La semaine suivante, même chose, le cirque se répète! La veille du rendez-vous, le téléphone sonne et encore une fois, on annule le rendez-vous du lendemain. - Déception + + + -
Un peu honteuse, la dame m'explique que le rendez-vous n'est pas annulé et qu'ils tiennent vraiment à me rencontrer. Elle me dit aussi qu'elle va s’asseoir cette semaine avec le propriétaire de la galerie pour s'assurer d'un moment de rencontre et ainsi, éviter d'annuler une troisième fois. Je lui ai fait part de ma déception et je lui ai demandé: ''quand dois-je m'attendre à avoir des nouvelles de votre part?'' et elle me répond : ''d'ici une semaine''.

Aujourd'hui, ça fait une semaine et demie et toujours pas de nouvelles... Dois-je croire que je n'irai pas à Walt Disney? Est-ce que cela veut dire que les billets d'avion n'ont jamais été achetés? Dois-je plutôt insister pour prendre l'avion même si on m'a oubliée dans le porte-bagages?

13.8.14

Le monde à l'envers




Le marché de l'art (institutions ayant pour but de générer la vente d'oeuvres d'art) est finalement financé par les artistes et non par la vente de leurs œuvres. Les artistes eux, voulant faire du profit finissent par s'y ruiner. La cause est bien simple, on leur vend du rêve et qui de mieux qu'un artiste pour rêver! En plus, les artistes sont tellement nombreux! Il devient alors facile de trouver, parmi cette foule de rêveurs, certains artistes assoiffés de succès et de reconnaissance, prêts à débourser quelques milliers de dollars par-ci, quelques centaines de dollars par là. Après tout, il est impossible pour lui de prévoir le jour où, la «bonne personne» passera et découvrira ses œuvres. Mais qui est cette bonne personne? Un riche? Un mentor? Un galeriste? Une vedette? Un inconnu qui a de bons contacts?... On ne sait pas c'est qui, mais l'artiste s'imagine (et il y croit) qu'il finira bien par se pointer le bout du nez! À force d'acharnement et de dépenses colossales, l'artiste ne peut pas croire qu'il ne le rencontrera jamais.

Après les efforts, les expositions, les salons, les concours, ce n'est surtout pas le temps de lâcher, ''je n'ai certainement pas fait tout ça pour rien'' se dit-il. Le temps passe, l'artiste persévère et puis, rien... Et c'est là, à ce moment, qu'une autre dépense s'impose: une publication dans un magazine (parce que ça paraît bien), la livraison d'un tableau à ses frais dans une galerie aux USA (parce que la crédibilité c'est important, surtout à l'international), un petit peu de pub pour pas que son nom s'efface de la map (parce que la compétition est féroce) et tralali et tralala, c'est reparti! Chika ching, $$, chika ching....

Bienvenue dans ce monde sans fin où les abus se multiplient. Un monde méconnu où les riches s'enrichissent sur le dos des pauvres artistes qui, honteux, n'osent pas trop dire un mot, par peur de nuire à leur image, à leur réputation, car pensez-y, si l'artiste se plaint, des milliers d'autres sont en ligne derrière lui prêts à le remplacer et au final, les ignorants de ce monde pourraient bien finir par croire que l'artiste qui ne perce pas est celui qui n'a pas suffisamment de talent! Supposition bien douloureuse pour l'artiste doué et certes, rêveur à ses heures. Ouch...!