Le temps passa
et mes expositions solos se sont multipliées. Je passais énormément
de temps à travailler dans mon atelier à la réalisation de
nouvelles œuvres à exposer. Je passais énormément de temps à
organiser mes vernissages (le vin, les bouchées, la musique,
l'ambiance). Je passais énormément de temps sur mon laptop à
peaufiner mon site web, ma page facebook, ma démarche artistique,
mes documents de promotions, mes cartons d'invitation, mes cartes
d'affaires, mes ti-cartons avec mes prix dessus, mes books, mes
calendriers, mes ti-chevalets, name it! Je passais énormément de
temps à rechercher des endroits pour exposer, à participer à des
appels d'offre, à des concours, à sélectionner ce qui est bon pour
un artiste versus ce qui n'est pas bon. Etc. Avec le temps et les
expériences, mon opinion quant aux galeries d'art s'est un peu
clarifiée.
Je comprenais un
peu mieux leur rémunération de 50% qui est, à mon avis, un
pourcentage honnête et raisonnable, compte tenu du travail qu'ils
font. Il faut se le dire, un artiste ne peut pas passer sa vie à
porter tous les chapeaux (créateurs, promoteur, vendeur,
comptable...) il se doit de déléguer avant de s'essouffler. Les
galeristes, en plus d'offrir de la crédibilité au travail de
l'artiste qui émerge, sont aussi là pour accomplir une grande
partie du travail de promotion et de vente. À mon avis, les
galeristes qui font bien leur travail méritent leur 50%! Je voulais
donc, dès lors, être représentée par une galerie. Hé, Hé, Hé, Wo, Wo Wo-là.... Ce n'est pas si simple que ça d'être représenté par
une galerie. Les galeries sont sur-sollicitées et rares sont les
artistes qui arrivent à se dénicher une petite place dans ces lieux
fortement prisés.
Entrer en
galerie est une étape importante dans la carrière d'un artiste.
C'est donc vraiment stressant de s'y rendre pour rencontrer la
personne concernée dans le but de tenter de ''booker'' un
rendez-vous et de lui présenter son travail. J'ai donc pris mon
temps avant de franchir cette étape! J'ai continué à travailler
fort, j'ai développé certaines techniques artistiques, j'ai vu une
évolution dans mon travail. J'ai vu grand et j'ai conçu une
collection sur bois originale et avant-gardiste. Cette collection, je
suis même allée la présenter à New-york. Les critiques de NYC
ayant été fabuleuses, à mon retour, je me suis dis : ''Ok
là, je suis prête pour aller courtiser une galerie''. J'ai pris
un temps fou pour sélectionner la galerie en question, car on ne choisi
pas notre première galerie comme on choisi sa saveur de crème
glacée à la crèmerie du coin! On ne s'y rend pas non plus les
mains vides vêtu de bermudas et d'un T-shirt défraîchit! Non non
non! Il faut qu'il y ait un sens à cette démarche. Il faut, en plus
d'attirer l'attention du galeriste, avoir du talent, du charisme, de l'audace, etc. Il faut aussi
tomber sur une bonne journée (pas de décès, pas de tickets, pas de spm...), il faut aussi que notre art puisse se marier aux œuvres exposées des autres artistes, etc.
Après quelques visites en galerie, mon choix était
fait! J'avais choisi l'heureuse-élue! Un après-midi de juillet, je me suis rendue à la galerie
minutieusement sélectionnée. Je respirais vite et j'avais les mains
tremblotantes. Une fois arrivée sur le seuil de la porte, j'ai pris une profonde respiration et je suis entrée.
Je me suis présentée à la dame qui se trouvait à la réception et
après un court discours nerveux et maladroit, je lui ai proposé de
regarder mes books pour qu'elle puisse avoir une meilleure idée de
mon travail. Elle m'a regardé en me disant qu'elle était très
occupée (dans une galerie vide) et qu'elle manquait de temps. En
somme, ce n'était VRAIMENT pas le bon moment. Elle me proposa de lui laisser mes books et de repasser les récupérer dans un mois, et ce, en
précisant qu'un comité de sélection allait se réunir
prochainement pour faire le choix de nouveaux artistes. Je lui ai
donc laissé mes books et c'est sans lui serrer la main (trop
nerveuse) que j'ai quitté les lieux. Je n'étais pas si fière de ma
performance toutefois, je refusais de m'en vouloir. C'était, après
tout, ma seule et première expérience dans ce genre!
Les semaines ont
passé et, moi, je me préparais tranquillement à récupérer mes
livres à la galerie anticipant un refus. Tout à coup, le téléphone
sonna. ''Bonjour madame, je vous téléphone de la galerie et nous
serions intéressés à venir voir votre travail, le propriétaire de
la galerie ainsi qu'une directrice artistique et moi-même, est-ce
que nous pourrions vous rencontrer disons, jeudi prochain?''. Et
moi, folle comme un balais je réponds : ''sans problème, je
vous attendrai jeudi matin prochain'' en lui laissant mon
adresse. J'étais tellement heureuse de ce rendez-vous, j'avais si
hâte. Je pourrais comparer cela à la joie qu'éprouve un enfant
lorsqu'on lui annonce que les billets pour Walt Disney sont
finalement achetés! La veille du rendez-vous, la dame de la galerie
me téléphona pour m'annoncer qu'il y a un empêchement et que le
rendez-vous du lendemain sera annulé, mais remis à la semaine
suivante, même heure. Déception. Toutefois, des empêchements, ça
arrive et on n'y peut rien alors je tiens bon, la vie est belle!
La semaine
suivante, même chose, le cirque se répète! La veille du
rendez-vous, le téléphone sonne et encore une fois, on annule le
rendez-vous du lendemain. - Déception + + + -
Un peu honteuse,
la dame m'explique que le rendez-vous n'est pas annulé et qu'ils
tiennent vraiment à me rencontrer. Elle me dit aussi qu'elle va
s’asseoir cette semaine avec le propriétaire de la galerie pour
s'assurer d'un moment de rencontre et ainsi, éviter d'annuler une troisième
fois. Je lui ai fait part de ma déception et je lui ai demandé:
''quand dois-je m'attendre à avoir des nouvelles de votre part?''
et elle me répond : ''d'ici une semaine''.
Aujourd'hui, ça
fait une semaine et demie et toujours pas de nouvelles... Dois-je
croire que je n'irai pas à Walt Disney? Est-ce que cela veut dire
que les billets d'avion n'ont jamais été achetés? Dois-je plutôt insister
pour prendre l'avion même si on m'a oubliée dans le porte-bagages?
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